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Les poèmes de « Fatum » d’Édith Masson dans la belle collection pré#carré
Unique, cette collection créée en 1997 par le poète Hervé Bougel et qui affichera bientôt une centaine de livrets au compteur. Des livrets de 24 pages cousus main, de format 10 x 10 cm, à la couverture marbrée à chaque fois unique. Hervé Bougel fait preuve d’un goût rare aussi bien dans la fabrication des objets que dans le choix des écritures. Un panorama de la poésie vivante de langue française orchestré par un orfèvre discret mais opiniâtre (on le mettra si l’on veut en regard de l'anthologie que vient de publier Flammarion, voir ici l’article de Patrice Beray)
Ce printemps, les abonnés ont reçu Fatum d’Édith Masson, auteur notamment d’un roman paru aux éditions du Sonneur et d’un recueil aux éditions des Vanneaux. Avec Fatum, ensemble de poèmes remarquables adressés en même temps au lecteur qu’à quelque figure mythique, Tantale, Arès, Prométhée, Ulysse ou Orphée, nous voici sous un ciel grec et éternel, chez Homère.
bras absents et le pied je suis
bouche crue l’incomplet l’idolâtre la très
rampante glaise palpée face molle et le ventre sans
orifice ta main prométhée
distrait pensif à la carrière rêvant à quoi
je la veuxL’écriture d’Édith Masson ne s’égare pas dans les mots de trop, elle est là pour dire, montrer et résumer ce qui ne se peut voir, ce qui ne se peut déclarer autrement. Dans cette concision sans concession elle est crue face à l’image qu’elle indique, où elle s’inclut : « qui de toi ou moi Ulysse/aveuglé palpe sa grotte »
Nous voici en présence de ce qui constitue l’insondable de notre mémoire, nourrie de songes toujours là. Même si désormais le plus souvent anonymes, les caractères de notre humanité sont bien présents, dessinés et infinis. Comme si la parole avait à revenir par ce biais, à nous mettre à nu et nous recomposer.
dans les fonds sans lumière nous dénichons
âmes chalutières
dans la boue fertile et le fouillis des poissons
étranges
les rêves anciens de prières c’est
gaïa enfouie très profond
d’un somme d’eau noire
nous l’éveillons*
Également ce printemps chez pré#carré, un premier recueil d’une jeune poète, Serpil Çökelik : Sombre danse. Des fragments de l’entre-deux qui cherchent à dévoiler le mystère du croisement, croisement des regards et hoquets, de l’intime relation.
de vouloir te donner un coup dans la tête pour que
tu lèves le menton à pester contre toi et de pester
contre toi à t’éviterde t’éviter à ne plus
jamais vouloir croiser quoi que ce soit de toi et de ne
plus jamais vouloir croiser quoi que ce soit de toi à
tes drôles de dédicacesVoir le site des éditions : ici
Tags : édith masson, pré carré, Serpil Çökelik
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